Il faisait beau ce matin-là, la journée s'annonçait sous les meilleurs auspices. Séléné s'était réveillé au village, une fois de plus, soulagée de constater qu'elle ne se trouvait plus là-bas, dans le monde des humains. Elle détestait ce monde, tout comme elle détestait les humains. Pour ce qu'ils lui avaient fait, pour ce qu'ils avaient fait à sa pauvre sœur et pour ce qu'ils avaient fait à son peuple. Était-ce sensé, de haïr une race avec laquelle un pacte avait été scellé ? La rousse l'ignorait, elle avait signé ce traité pour protégé les siens, pour éviter qu'ils ne terminent tous massacrés jusqu'au dernier. Les humains étaient bien trop nombreux, ils semblaient se reproduire comme des vermines, ne cessant de pondre. Pour eux, c'était plus compliqué, les naissances n'étaient pas monnaie courante au vu de la longévité de la plupart des créatures. Ils se disaient tous qu'ils avaient le temps, jusqu'à ce que celui-ci leur file entre les doigts. Elle s'était levée, avait mangé un bout de viande séchée en guise de déjeuner et s'était immédiatement rendue au Belladone. Elle avait trouvé son chemin au sein de ce commerce, un but afin de continuer à avancer chaque jour. Elle avait déjà songé à partir, demeurer seule en guise de punition pour ne pas avoir su protéger sa petite sœur. Pour être restée immobile sans rien faire. Mais désormais, Séléné avait des gens qui comptaient sur elle, elle ne pouvait se permettre de tout envoyer paître.

Elle poussa la porte d'entrée du magasin, d'humeur grognon, comme à son habitude. Il fallait bien avouer que la maraudeuse n'était pas du matin, loin de là. Heureusement, sa sauveuse se trouvait derrière la porte. L'une de ses employées lui tendit immédiatement une tasse de fer dont la douce odeur ne pouvait provenir que d'une infusion d'oxioca. Ce champignon à l'allure hideuse était son petit péché mignon. Elle adorait son goût, surtout lorsqu'il était cuit dans de l'eau chaude et qu'elle en buvait l'infusion. Non seulement cela lui permettait de démarrer la journée d'une façon bien plus agréable, mais en plus, ce champignon possédait de grandes propriétés nutritives. Un petit sourire étira ses lèvres tandis qu'elle saisissait la tasse et qu'elle buvait une gorgée.

— Je devrais te donner une augmentation.

Son employée laissa échapper un petit rire accompagné d'un clin d'œil, avant de retourner s'affairer dans l'arrière-boutique. Séléné était fière de ce qu'elle avait construit, elle était satisfaite du travail de ses employés et elle n'hésitait pas à mettre la main à la pâte afin de les aider. Elle prit place sur une chaise, dégustant son breuvage tout en écoutant d'une oreille distraite, les bavardages. Alors qu'elle buvait a fin de son infusion et qu'elle mangeait les derniers morceaux de champignons, Aedan, l'un de ses vendeurs, l'interpella.

— Séléné ? Nous n'avons plus de kohiron et de cazilée à l'arrière, il faudra aller en chercher.

La rousse hocha de la tête et s'étira. Elle aimait sortir du village afin d'aller chercher des plantes. Cela lui donnait une bonne raison d'explorer les environs et d'être un peu seule. Généralement, elle essayait toujours d'avoir quelques plantes de réserves afin que les Tharis ne manquent de rien, mais cette fois, elle avait oublié d'y aller la veille. Se levant, elle s'en alla saisir sa sacoche de cuir et son matériel de récolte qui se constituait d'une paire de ciseaux, d'un couteau et de linge propre. Elle prit également son arc à flèche et son carquois. Une fois prête, elle vérifia que ses couteaux se trouvaient toujours bien sur elle avant de partir en direction de l'entrée du village. Elle salua les quelques faucheurs qu'elle croisa et quitta la protection de Tharion. Elle s'enfonça dans la forêt, admirant les reflets que créaient les rayons du soleil sur les feuillages des arbres. L'atmosphère était toujours particulière dans cette forêt, comme si de multiples secrets y étaient renfermés.

Séléné se dirigea vers l'est, avant de remonter un peu vers le nord. Les heures défilaient et bientôt, la transpiration recouvrit sa peau d'une fine pellicule humide. La maraudeuse s'essuya le front et lorsqu'elle atteignit le bas des Sources d'Astyd, elle ferma les yeux afin d'ouvrir un portail. La magie crépita dans l'air et l'espace d'un instant, elle se sentit bien. Utiliser sa magie lui procurait toujours cette sensation de bien-être, de calme, comme si c'était ainsi qu'elle devait toujours vivre. Elle ouvrit ses yeux et avança de quelques pas pour se retrouver au beau milieu des Sources. La chaleur ambiante recouvrait les plans d'eau, telle une douce couverture dans un lit. Séléné regarda autour d'elle, vérifiant que l'endroit était sûr avant de refermer son portail. Elle aurait pu l'utiliser dès sa sortie du village, mais elle aimait se déplacer en marchant. Et puis, sa magie n'était plus ce qu'elle était, elle ne pouvait plus se permettre de ne se déplacer que par portails.

La rousse s'approcha du premier plan d'eau, veillant à rester sur la berge et surveillant attentivement l'eau. Les monstres qui nageaient dans ces eaux n'avaient rien d'une partie de plaisir. Elle repéra rapidement un kohiron et s'en saisit grâce à une longue branche d'arbre. Elle saisit la plante et l'examina un moment, avant de l'emballer dans un des linges propres. Alors qu'elle allait se saisir d'un deuxième, les bruits environnants changèrent, signe d'une nouvelle arrivée ou d'un événement qui allait se produire. Séléné demeura alerte, délicatement, elle prit son arc et encocha une flèche, observant les alentours, désireuse de ne pas faire de mauvaises rencontres.

Alors qu'elle bandait son arc en direction du bruit, un homme apparu. Ou plutôt, un ailé au vu des ailes qui se trouvaient dans son dos. Il tenait un lézard à la main, déambulant comme s'il se trouvait chez lui. Ne faisait-il pas partie du village ? Séléné fronça les sourcils, tentant de mettre le doigt sur cette impression de déjà vu, comme si elle l'avait déjà croisé auparavant. Il l'avait remarquée, cela ne faisait aucun doute, mais il ne semblait pas lui porter plus attention que cela. Interdite, elle continua de le suivre du regard, abaissant son arc, le maintenant tout de même devant elle au cas où. Il prit alors la parole sans la regarder, d'une voix froide et impérieuse. Sa réflexion la fit tiquer, avant de hausser les yeux au ciel. En voilà un qui ne manquait pas de culot et qui aurait mieux fait de tourner sept fois dans sa bouche. Agacée avant même d'avoir su mettre un nom sur son visage, elle resta silencieuse, désirant ne pas épargner la moindre goutte de salive pour lui.

Et non seulement, il ne tournait pas sa langue dans sa bouche avant de parler, mais en plus, il en rajoutait une couche. Dédaigneuse, Séléné retourna à son occupation de cueillette, avant d'être à nouveau interrompue par un bruit. Le bruit provenait de l'eau et elle se demanda s'il s'agissait d'un prédateur ou bien d'une proie. Ne pouvant s'en empêcher, un rictus étira ses lèvres et elle jeta un regard en coin à l'ailé avant d'annoncer d'une voix mielleuse.

— Peut-être que cette erreur va être réparée maintenant.

Elle se souvenait effectivement pourquoi son visage lui disait quelque chose. Ils avaient combattu ensemble dans le monde des humains, elle l'avait sauvé en le téléportant avant qu'il ne se prenne une énième balle dans le corps. Et voilà qu'au lieu d'un remerciement, il lui reprochait de lui avoir sauvé la vie. Si elle avait su, elle aurait sauvé quelqu'un d'autre et l'aurait laissé à son propre sort. Séléné ne porta pas plus attention que cela au bruit et se mit en quête de kohirons, elle ne désirait pas s'attarder plus longtemps en ce lieu qui était subitement devenu bien désagréable. Elle se redressa et épousseta son pantalon avant de se figer en constatant qu'une ombre venait de filer rapidement sous l'eau. Qu'était-ce donc tout ce remue ménage ? S'éloignant de quelques pas de l'eau, elle regarda à nouveau l'ailé et se demanda si elle ne devait pas le téléporter au beau milieu de l'eau en guise de punition.

Elle le regarda lancer son serpytre dans l'eau, comme s'il désirait appâter les créatures qui nageaient dans ces eaux. Séléné ignorait si c'était une véritable bonne idée, mais dans tous les cas, elle était certaine qu'elle ne pourrait plus récolter tranquillement ses plantes après cela. Sérieusement agacée d'avoir été interrompue dans sa récolte et de constater qu'elle ne pourrait plus approcher de l'eau une fois que les monstres seraient réveillés, elle lui lança un regard mauvais avant de songer sérieusement à le téléporter au fond de l'eau. Elle ignorait ce qu'il y avait en dessous de cette eau limpide, mais cela lui servirait de leçon. Et s'il n'était pas capable de survivre, c'était son problème à lui. Après tout, il l'empêchait de ramener des plantes qui devaient servir le bien commun de Tharion. Il prit ensuite la parole, exprimant que ce ne serait pas un vulgaire monstre qui allait le faire disparaître. Et non seulement, il faisait preuve d'une assurance horripilante, mais en plus, il l'enjoignait à déguerpir, car selon lui, elle allait le gêner.

La colère lui piqua le nez et elle senti ses doigts crépiter. Et si elle lui donnait la peur de sa vie ? Être attaqué par un narwhale devrait être intéressant, ou bien plusieurs. Ils déchireraient ses chairs et le feraient souffrir pour l'affront qu'il venait de lui faire. Quelle idée merveilleuse c'était. Ravie de constater que son imagination était loin d'être perdue, elle était sur le point de lancer son sort, indifférente quand au fait de dépenser de la magie pour rien, lorsqu'elle sentit quelque chose lui attraper la cheville. Le cri du brun retentit dans les sources et Séléné eu un soupir de surprise avant de voir une dague filer vers la main. Heureusement ou malheureusement, cette dague s'enfonça à quelques centimètres de ladite main. Cette dernière se recroquevilla rapidement sous l'eau et une tête sorti. Une tête que la maraudeuse ne connaissait que trop bien.

— Anna ! Je t'ai déjà dit de cesser de vouloir me surprendre, c'est dangereux !

La naïade avait les yeux grands ouvertes, une lueur effrayée dans le regard. Ses prunelles ne cessaient d'aller en venir entre l'ailé et elle. La rousse poussa un soupir et s'approcha de l'eau pour saisir délicatement le visage de la jeune Anna.

— Tu n'es pas blessée au moins ? Tu as mal quelque part ?

Sa voix douce tentait d'apaiser la jeune fille, désireuse de ne pas la faire fuir. Anna était bien trop intrépide pour son bien et en l'absence de ses parents, elle ne cessait de faire une tonne de bêtises. Si Séléné avait su que cette jolie naïade allait la suivre, elle n'aurait jamais quitté le village. Mais elle remarqua alors une autre ombre et fronça les sourcils, agacée.

— C'est pas vrai... Octavia, sors de là aussi !

Une seconde tête apparu hors de l'eau, une expression honteuse sur le visage.

— On voulait juste te faire une blague Sél'. On ne pensait pas à mal...

Séléné secoua la tête et les enjoignit à quitter l'eau avant de reprendre la parole.

— À l'intérieur du village, vous pouvez me faire autant de blagues que vous le voulez, mais pas en dehors. C'est dangereux. D'ailleurs... Comment êtes-vous sorties du village ?

Elle aida Anna à quitter l'eau et jeta un regard au brun qui observait la scène.

— Heureusement, il est aussi mauvais lanceur que mauvais guerrier, vous avez eu de la chance qu'il ne sache pas viser.

Cette pique adressée à l'ailé, était son petit plaisir personnel. Anna hocha de la tête et demeura tout prêt de la rousse en observant avec crainte l'ailée. Alors que la rousse allait tendre la main à Octavia pour l'aider à son tour, cette dernière disparu brutalement sous l'eau.

— Octavia ?

Séléné fouilla l'eau du regard, soudain bien moins assurée qu'auparavant.

— Octavia, ça suffit ! Remonte à la surface !

Voyant que la jeune fille ne remontait pas, la rousse paniqua et laissa vivement tomber son sac et son arc pour plonger dans l'eau.

Il était vrai que sauter dans l'eau avec pour seule protection ses couteaux, n'avait pas été l'idée la plus lumineuse de Séléné. Elle se retrouvait dans une bien mauvaise posture, mais elle avait réagi à l'instinct. Elle ne pouvait assurément pas laisser Octavia se faire dévorer par une quelconque créature des sources. Ladite créature étant un narwhale qui avait saisit sa jeune amie à la jambe et qui l'entraînait vers le fond à une vitesse fulgurante. Plus le monstre s'éloignait et plus Séléné avait du mal à apercevoir la chevelure de la jeune naïade. Elle savait qu'elle ne pourrait pas s'enfoncer trop profondément, son souffle commençant déjà à manquer au vu de l'effort qu'elle venait de fournir pour suivre le monstre. Un bruit brisa le silence sous l'eau et elle vit rapidement ce qui l'avait créé. L'ailé semblait avoir décidé de lui rendre la monnaie de sa pièce, une vie pour une vie, l'empêchant de commettre l'irréparable. Il faisait tout un tas de signes de ses mains, la signification étant claire, il lui demandait de remonter à la surface. La rousse n'eut pas le temps de répliquer qu'un autre bruit attira leur attention vers le bas. Le narwhale avait lâché sa proie et se dirigeait vers eux. Les yeux écarquillés, Séléné observait ce monstre se diriger vers eux à toute vitesse, la peur faisant palpiter son cœur. Jamais elle n'en avait vu un et encore moins d'aussi près. Oh, elle avait bien entendu des rumeurs sur eux, mais jamais elle n'en avait croisé un.

N'y tenant plus, elle nagea vers la surface, ses poumons commençant à brûler. Elle jeta tout de même un regard derrière elle et vit Achille éviter de justesse l'attaque du narwhale. Il parvint à contre-attaque, coupant le flanc du narwhale. Ce coup ne semblait pourtant pas avoir véritablement blessé le monstre, en réalité, cela semblait l'avoir mis bien plus en colère. Séléné ignorait tout du combat au corps-à-corps, elle en connaissait les bases, mais de là à savoir se défendre contre ce monstre. Paniquée, elle poussa un petit cri en voyant le narwhale se diriger vers elle. Plus par instinct qu'autre chose, elle ouvrit rapidement un portail devant elle et pria pour que sa magie ne la laisse pas tomber cette fois. Elle sentait que cela allait lui coûter pas mal d'énergie de téléporter ce monstre plus loin, mais avait-elle seulement le choix ?

Séléné se concentra et ouvrit devant elle un cercle lumineux, brouillant l'eau aux alentours. Cela avait été tellement rapide et le monstre avançait avec une telle vitesse, qu'il lui serait impossible de ne pas entrer dans le portail. Du moins, elle l'espérait. Croisant les doigts, le temps semblait s'être allongé, comme s'il se distordait. Peut-être serait-ce l'erreur qui lui coûterait la vie, ou bien qui lui octroierait une sacrée blessure. Quelques secondes plus tard, les dés étaient lancés et le destin était devenu maître du jeu.


• Lancé d'un dé pour savoir si elle parvient à téléporter le narwhale •

Résultat du lancé:

C'était une catastrophe, un véritable cauchemar. Voilà que ses pouvoirs la lâchaient au moment où elle en avait le plus besoin. Lorsqu'elle vit le narhwale traverser le portail comme s'il ne s'agissait que d'une brume, elle sut qu'elle allait souffrir. Peut-être mourir en réalité. Oui, mourir était certainement l'issue la plus probable dans ce genre de situation. Plus il se rapprochait, plus la peur paralysait son corps, comme si elle devenait impuissante. Aurait-elle aimé faire autre chose ? Quelque chose de plus pour les habitants de Tharion ? Elle avait entendu que lorsque l'on était sur le point de mourir, on voyait sa vie défiler devant ses yeux. Elle, elle ne voyait rien du tout. Juste le monstre approcher toujours plus près d'elle. L'impact fut brutal, douloureux, violent. Elle ressentit le choc dans tout son corps et son flanc droit semblait être en feu. Elle ouvrit la bouche, un cri déchirant sa gorge, le réflexe ne pouvant être maîtrisé. De l'eau entra alors dans sa bouche, la poussant à vouloir recracher et respirer en même temps. Ses poumons brûlaient tellement qu'elle se demandait si elle allait souffrir lorsqu'elle se noierait.

Vaseuse, ne sachant plus véritablement ce qu'il se passait autour d'elle, elle chercha à trouver l'air, en vain. N'y tenant plus, elle inspira sous l'eau, son corps réclamant de l'air à tout prix. Et alors qu'elle commençait à s'étouffer, elle sentit un pouvoir la propulser vers le haut, vers l'air libre. Des bras enserrèrent son corps, l'emmenant toujours plus haut. Sa vision déjà brouillée, se noircissait de plus en plus tandis que des spasmes traversaient son corps. Au bout de ce qui sembla être une éternité, elle sentit enfin l'air frais sur son visage. Une quinte de toux lui arracha la gorge, expulsant par la même occasion, l'eau de ses poumons. Elle ne faisait plus attention à rien, plus rien d'autre ne comptait que de respirer. Elle n'avait plus de force, tremblante comme un nouveau-né. Quelle idée idiote, elle avait eu de faire cela.

Elle vit Octavia sur la terre ferme, juste à côté de Anna. Les deux naïades avaient les yeux écarquillés et Octavia pleurait à chaude larme. Rapidement, Anna s'avança vers eux et utilisa son pouvoir afin de les ramener sur la terre ferme. C'était à espérer qu'elle parviendrait à les ramener avant que le narwhale ne s'occupe une nouvelle fois d'eux.


• Lancé d'un dé pour savoir si Anna parvient à les ramener sur la terre ferme •

Séléné ne parvenait pas réellement à comprendre ce qui était en train de se produire. Elle était dans un brouillard constant et ses sensations semblaient étouffées. Elle avait l'impression que son corps bougeait, sans vraiment avoir la certitude que c'était le cas. Peut-être était-elle morte. Si tel était le cas, elle se ferait une joie de venir hanter Octavia et Anna. Quelle idée, elles avaient eu de faire une chose pareille. Et si la rousse n'était pas morte, elle se promis de leur concocter la punition de leur vie. Après ce qui lui sembla être une éternité, ils atteignirent la terre ferme, du moins c'est ce qui lui sembla lorsqu'elle vit les deux naïades les aider à sortir de l'eau. Anna la serra contre elle, l'étouffant presque à force de presser son corps contre le sien. Séléné émit un grognement et Anna relâcha immédiatement son étreinte.

— Oh Séléné ! Je suis terriblement désolée, je... Je ne pensais pas... Je suis tellement, tellement désolée...

Elle pleurait tellement que son corps ne cessait de trembler et la rousse n'avait pas du tout la capacité de gérer cela pour le moment. Elle s'allongea sur le sol et laissa son regard se perdre dans le ciel. Elle tentait de retrouver ses esprits, d'éclaircir sa vision et ne pensait qu'à sa respiration. Plus elle se calmait et plus la douleur pulsait dans son flanc, elle était désormais certaine d'avoir quelque chose de casser. Voilà qui réduiraient considérablement ses sorties pendant une ou deux semaines. Grimaçant, elle vit Octavia se pencher sur elle, le visage tordu par l'angoisse. Difficilement, Séléné marmonna quelques mots.

— Je suis toujours vivante.

Octavia éclata en sanglots et serra la main de la maraudeuse. Le temps passa, avant qu'elle ne se demande où pouvait bien être l'ailé. Elle devait bien admettre qu'il lui avait sauvé la vie et désormais, ils étaient quittes. Soudain, elle le vit s'approcher en boitant, s'appuyant maladroitement sur un morceau de bois. Arrivé près de leur petit groupe, il sortit l'une de ses phrases cinglantes dont il avait le secret. Séléné pinça les lèvres et le fusilla du regard, si elle en avait eu la force, nul doute qu'elle l'aurait volontiers jeté au narwhale et qu'elle l'aurait regardé lui, se faire croquer.

Et ainsi, il quitta les lieux en leur faisant un petit signe de la main. La rousse jura dans sa tête et se redressa en position assise, grimaçant de douleur. Elle reporta ses prunelles sur les deux naïades et leur jeta un regard noir.

— Vous, vous ne payez rien pour attendre.

Les deux jeunes filles blêmirent, mais se contentèrent de hocher de la tête. Octavia aida Séléné à se remettre debout et ensemble, claudiquant, elles retournèrent au village. Séléné n'osait imaginer la réaction des Tharis lorsqu'ils apercevraient leur groupe. Elle allait avoir son compliment du conseil, elle en était certaine.